Définition de la Vocologie

Historique de la vocologie

La première référence publique aux mot vocologie date du 13 octobre, 1989, lorsque George Gates présente une conférence intitulée « Faire face à la dysphonie » à la Pacific Voice Conference (San Francisco, USA).

Dans son discours, il cite Ingo Titze comme le véritable père de ce terme : quelques temps auparavant, lors d’une discussion informelle, Titze avait évoqué l’idée d’utiliser le terme «vocologie » pour décrire l’activité des scientifiques et thérapeutes de la voix.

Trois mois plus tard, le premier article scientifique considérant la vocologie comme un domaine de spécialité est publié et un programme spécifique d'études est proposé en 1993. En 1996, la revue scientifique scandinave Journal of Logopedics, Phoniatrics and Voice change de nom et pour devenir officiellement Logopedics, Phoniatrics, Vocology.

La discipline connaît un intérêt grandissant et de nombreux congrès internationaux récurrents, à l’origine destinés en priorité aux médecins et physiciens, prennent alors une tournure résolument vocologiste.

Parmi eux, on peut citer le symposium annuel de la Voice Foundation (Philadelphie) et la Fall Voice Conference (San Francisco/New York/Atlanta) aux Etats-Unis, ou le congrès européen itinérant PEVOC (Pan European Voice Conference) qui s’ouvrent de plus en plus aux observations cliniques et aux travaux de recherche développés par les orthophonistes et les pédagogues de la voix.

Définition et spécificités

En tant que science, dans son sens le plus large, la vocologie est l'étude de la phonation, c’est à dire de la voix et de tous les processus qu’elle implique (aussi bien anatomiques, physiques, physiologiques, que perceptifs, linguistiques, psycho-affectifs, communicationnels et même artistiques).
En tant que discipline professionnelle, la vocologie se focalise sur la prise en charge de la voix dans toutes ses dimensions, et comprend l'évaluation, le diagnostic et l'intervention thérapeutique.

Encore peu connue en Europe, la vocologie est pratiquée essentiellement sur l’ensemble du continent américain par des pédagogues (professeurs de chant, de théâtre, certains coaches vocaux), des orthophonistes, des phoniatres ou des scientifiques spécialisés.
Depuis quelques années, des orthophonistes et des phoniatres francophones, à la fois
cliniciens spécialisés dans la voix et chercheurs, tentent de développer la vocologie dans leur pays.

La vocologie se distingue de l'orthophonie classique par l'idée d'intervenir auprès d’individus qui n'ont pas nécessairement de « troubles » de la voix, au sens pathologique du terme, mais des besoins spécifiques de communication ou d’utilisation vocale. Selon Titze, « plus que d'entreprendre une «rééducation » en vue de traiter une « pathologie » (la dysphonie), il s'agit de construire, d'améliorer et de renforcer les processus vocaux normaux pour répondre à des besoins spécifiques».


Cadre et intervention

Pour la majorité des gens, une qualité de voix « basique », est suffisante pour satisfaire les besoins de communication. Par basique, on peut entendre qu'il s'agit d'une voix de qualité conforme à un développement normal, adaptée aux normes sociales, expressive si nécessaire, et suffisamment efficace pour produire un discours intelligible à une distance de quelques mètres. Mais des besoins vocaux spécifiques, en terme d’intensité, de timbre ou d’endurance, peuvent être associés à certaines activités professionnelles (conférenciers, enseignants, standardistes, etc.) ou de loisir (chant, théâtre, mais aussi sports de plein air, etc.).

Ce sont ces besoins basiques et spécifiques qui sont la cible des vocologistes.
Dans les pays développés, à peu près un quart de la population occupe une activité professionnelle à forte charge vocale. Pour en définir les contours, on considère qu’il s’agit de sujets qui :

utilisent leur voix comme un de leurs principaux outils de travail et devraient probablement se mettre à la recherche d’un emploi alternatif si leur voix venait à dysfonctionner sérieusement. La plupart du temps, on se cantonne à considérer les chanteurs et comédiens comme principaux concernés, bien qu’ils ne représentent qu’un faible pourcentage de cette catégorie de professions vocales.

Professeurs, standardistes, réceptionnistes, conseillers en toute sorte, mais aussi avocats, moniteurs de sport, journalistes ou travailleurs sociaux, pour n’en citer que quelques uns, constituent un groupe autrement plus large et plus significatif sur le plan économique et d’un point de vue de santé publique. Tous utilisent leur voix comme un outil de travail.

Objectifs

Les objectifs de la vocologie sont de :

  • trouver sa voix idéale,
  • apprendre à se sentir bien avec sa voix, 
  • atteindre un niveau de contrôle maximal de sa voix, 
  • améliorer son endurance et/ou sa longévité vocale,
  • fournir des outils fiables d’évaluation des troubles vocaux.

1) Le premier objectif de la vocologie est de trouver la voix idéale, correspondant aux besoins d'un individu en fonction de son anatomie particulière, sa personnalité, sa profession ou son activité. 

Parce nos habitudes vocales se développent en imitant les vocalisations des autres au cours de l'enfance, il n'existe aucune garantie qu'une voix physiologiquement idéale est spontanément acquise par tout le monde.

Bien que les caractéristiques vocales des parents, des frères et soeurs, et de l’entourage familial au sens le plus large peuvent être un bon modèle à suivre en raison de similitudes génétiques, ces différents individus peuvent eux-mêmes avoir acquis des comportements vocaux qui ne sont pas idéaux en regard de leur constitution physiologique. Par exemple, la hauteur de la voix ou le débit de parole peuvent avoir été façonnés par les codes d’un groupe social et ne pas correspondre à ce qui pourrait être naturellement approprié pour l’appareil phonatoire.


Éléménts préalables

Comme l’orthophonie, la vocologie repose sur le principe des thérapies comportementales, ce qui implique l’acquisition de savoir-faire, de compétences, et dépend de l’état d’esprit du patient : adhésion, volonté et compliance. 

Le champ de toute thérapie comportementale repose sur trois questions : 

  • quel est le but de la prise en charge ? 
  • quelles techniques doit-on mettre en place pour parvenir à cet objectif ?
  • la prise en charge est-elle pertinente en regard de la volonté d’implication du patient ?

Ces postulats de base reflètent la nécessité d’établir avec le patient un contrat thérapeutique clair, réaliste et argumenté, où chacun a un rôle à tenir et s’engage à tout mettre en oeuvre pour améliorer la situation vocale.

Le premier point peut être divisé en deux parties : 

maximiser les compétences phonatoires avec un minimum d’effort, en d’autres termes améliorer le rendement vocal

optimiser le système pour parvenir à son objectif spécifique, c’est à dire rechercher les états d’équilibre autour desquels les mouvements coordonnés peuvent être mis en place.

Le second point concerne les moyens qui vont être mis en place pour acquérir les ompétences phonatoires et repose sur les techniques classiques de l’orthophonie, mais aussi sur des éléments issus de la pédagogie de l’art oratoire ou du chant, et les concepts linguistiques notamment prosodiques permettant d’optimiser l’efficacité de la communication, qu’elle soit duelle ou en public.

Le troisième point est souvent négligé dans les prises en charges. Pourtant, il est évident que si le patient ne s’engage pas dans la thérapeutique, celle-ci sera aussi inutile qu’inefficace. Ainsi, il appartient au thérapeute d’être suffisamment psychologue pour évaluer la motivation du patient et la réalité de ses propos concernant sa pratique vocale et la compréhension des concepts du prise en charge.

Conclusion

L’approche vocologiste est une approche holistique qui prend en compte l’individu dans sa fonction sociale et ses éventuelles spécificités. En cela, elle permet de faire de la prévention des éventuels troubles de la voix chez les professionnels, d’optimiser leurs compétences phonatoires et l’impact de leur communication, mais peut aussi se révéler très pertinente dans le cadre de la prise en charge des dysphonies ou même permettre un renforcement des compétences acquises, en fin de traitement orthophonique.

A l’heure actuelle, il n’existe pas de formation spécifique de vocologie en France, pourtant la demande est croissante et les orthophonistes se sentent souvent démunies face à des sujets qui leur sont adressés pour dysphonie mais sans lésions sur les cordes vocales, ou pour accompagner leurs patients dans le passage délicat de la technique à une situation plus écologique, objet de leur vraie demande : leur communication quotidienne avec ses enjeux, ses contraintes, ses spécificités.

Merci à Joana Revis pour cet article.

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